vendredi 11 mars 2011

Les prémices d'une conscience archéologique

Depuis janvier 2011, l’Acropole, en travaux de restauration depuis plus de 30 ans, entre dans une nouvelle phase de chantier. D’un budget de près de 12 millions d’euros, elle devrait durer au moins 3 ans, financée à 80% par l’Union européenne. Aujourd'hui, les restaurations consistent surtout à réparer les outrages commis par l'homme au cours des siècles : transformations malheureuses en église ou en mosquée, bombardements vénitiens, démolitions turques, incendies, et surtout travaux mal réalisés au début du 20e siècle.


Les premières restaurations :

Les premières vraies grandes restaurations (j’entends par « vraies » des restaurations réfléchies et supervisées par une institution culturelle), commencent en 1903 après le séisme d’avril 1894, qui endommagea gravement le Parthénon.
Photo ci-contre de Robertson James, Acropole d'Athènes en 1859, RMN, musée d'Orsay. Ici l'Erechthéion tient à peine debout et des centaines de blocs de marbre gisent au sol.
A partir de 1911, les restaurations ne sont plus contrôlées administrativement ni même conseillées scientifiquement : des libertés de plus en plus grandes sont prises, notamment par Nicolaos Balanos (ingénieur, ancien élève des Ponts et Chaussées de Paris) et toute son équipe, comme l’utilisation de poutres métalliques pour renforcer la cohésion de l’Erechthéion, le remplacement de tous les scellements par des tiges en fer (les marbres sont attachés entre eux par de grosses agrafes de fer que les Anciens enrobaient de plomb pour éviter la corrosion, car le fer en s’oxydant gonfle et fait exploser les marbres), la recomposition de chapiteaux à partir de fragments de chapiteaux différents, l’utilisation de briques pour égayer les monuments, du béton armé pour compléter des lacunes architecturales. Les monuments ont été remontés sans aucune réflexion sur la place originelle des éléments.

Exemple d'agrafe. Photo prise en 2008. Toutes les agrafes en fer utilisées par N. Balanos sont aujourd'hui remplacées par des tiges en titane inoxydable.
Dès les années 1930 un cri d’alarme est lancé par le directeur de l’Acropole, J. Miliadis, qui remarque l’effondrement et le détachement de blocs de marbre. L’Acropole va très mal… En 1970, un rapport sur l’état de conservation des monuments de l’Acropole d’experts de l’Unesco, a insisté sur la gravité de la situation. Dès 1975, les travaux de restauration commencent, sous l’égide de la CCMA (Commission pour la conservation des monuments de l’Acropole).
Le financement des travaux : un gouffre sans fonds…
Le coût des travaux est estimé à plus de 8 millions d’euros, aide apportée surtout par l’Unesco, le ministère de la Culture grec, et dans une moindre mesure la commission européenne. En 1987, l’Acropole est classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Grâce à ce classement, elle bénéficie du financement de l’Etat grec, de la communauté européenne et d’une assistance internationale du Fonds du patrimoine mondial. Elle est devenue une préoccupation internationale et va enfin pouvoir être sauvée. Une première vague de grands travaux voit le jour entre 1995 et 2004, date des Jeux Olympiques à Athènes. Tous les travaux entrepris ne sont pas terminés pour les Jeux. Une crise a considérablement ralenti les travaux entre 1995 et 2000. De nouveaux fonds sont débloqués, du personnel nouveau est engagé : en 2002 ce sont 240 ouvriers qui travaillent sur les divers chantiers. Pour la période 2005-2006, les responsables disposent d’un total de 13,5 millions d'euros, comparés à 16,8 millions d’euros octroyés entre 2000 et 2004. Les dépenses de restauration de 1999 à 2005 s’étaient élevées à près de 28,5 millions d’euros dont 86% ont été couverts par les fonds communautaires. L’union européenne a aussi accordé 4 millions d’euros pour la période 2007-2008. Ainsi le financement total de l’UE pour les années 2000 à 2008 est évalué à 31,3 millions d’euros. Et il faudra encore mettre la main à la pâte puisque les travaux sur les monuments ne seront pas achevés avant 2020, d’après le ministère de la culture grec… Définitivement, l'Acropole, elle, ne connaît pas la crise.

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