samedi 26 mars 2011

Les restaurations actuelles de l'Acropole, pas à pas


Les restaurations actuelles s'attachent à être le plus fidèle possible aux techniques des Anciens et à ne pas dénaturer les monuments. Il fallait donc d'abord démonter toutes les anciennes réparations, éliminer le fer qui abime les marbres, nettoyer les pierres et les renforcer contre la pollution. Le nettoyage se fait au laser, et le fer est remplacé par du titane, matériau stable et inoxydable. On essaie autant que possible de remettre les blocs à leur place d'origine, et parfois, il faut se livrer à une véritable enquête de détective : pour déterminer quels blocs récupérés ça et là étaient adjacents, on examine les correspondances des marques laissées par la végétation. Enfin et surtout il faut s’imprégner des connaissances et des méthodes des Anciens. Les équipes de restauration travaillent avec des machines parfois créées pour l’occasion. Aujourd’hui encore, le transport jusqu’en haut de l’Acropole est problématique. Des camions amènent des blocs de marbre du Pentélique au pied de l’Acropole.


De là, ils subissent une première découpe puis sont hissés par une grue spéciale montée sur rails (photo ci-contre), capable de lever de 50m un poids de 10 tonnes. Arrivé en haut de l’Acropole, le bloc est placé sur un wagonnet et conduit au chantier. Une machine est spécialement conçue pour ciseler les cannelures des colonnes. Quand les tambours ont été empilés (ce sont les assises de pierres cylindriques qui associées les unes aux autres forment le fût d'une colonne), les finitions se font à la main.

Petites chroniques des travaux :


Les Propylées : entrée monumentale de l'Acropole, elles constituent un ensemble complexe qui pose des problèmes différents. C'est en 1984 que l'architecte Tasos Tanoulas prend la direction des travaux de restauration des Propylées.




Un des problèmes fondamentaux est la présence à l’intérieur des Propylées d’ordre dorique, de deux colonnes ionique (photo ci-contre, l'ordre ionique est notamment caractérisé par son chapiteau à volutes), remontées de manière farfelue par N. Balanos. Il a fallu donc les remplacer par des chapiteaux modernes (dont voici un exemple) afin de pouvoir reconstituer tout le magnifique plafond à caissons qui caractérise ce bâtiment.


Les sculpteurs G. Desyptis et A. Cladios ont été chargés de la fabrication des nouveaux chapiteaux (il leur a fallu 27 ans pour tailler à la main ces chefs-d’œuvre !). Depuis 2006 on peut les admirer in-sintu, et le plafond à caissons (photo ci-contre) a été entièrement rebâti. Les anciens chapiteaux en très mauvais état et mal remontés ont été placés dans le Nouveau musée (vous pouvez voir une photo dans le diaporama).


Le Parthénon : le projet d’ensemble de la restauration a été établi par M. Korrès et Ch. Bouras. La restauration de la façade Est et Ouest est achevée, de même que celle du pronaos, de l’opisthodome et de la frise Ouest. L’effort porte sur les colonnes du grand côté Nord. Une grue mobile a été installée à l’intérieur même du bâtiment, pourvu d’un sol épais de ciment armé destiné à protéger le dallage antique. Restera à enlever cette dalle temporaire. La question d'une toiture a également été posée.


Six colonnes du pronaos ont été démontées puis remontées. L’explication : l’absence de cannelures (comme on peut le voir sur la photo ci-contre) les rendait inesthétiques et jurait avec l’environnement, on a donc décidé d’ajouter des cannelures, en dégrossissant d’abord les tambours avec une scie électrique spécialement conçue à cet effet, les finitions se faisant à la main ultérieurement. 33 tambours sont concernés.




Toutes les métopes (comme sur cette photo) ont été remplacées par des copies, et elles sont aujourd’hui visibles au Nouveau musée.








Quant au temple d’Athéna Nikè, il connaît depuis 2001 sa troisième disparition : après la déposition au musée de l’Acropole, en 1998, des blocs de sa frise sculptée, le moment est venu pour lui aussi d’être affranchi des erreurs et des négligences techniques commises entre 1935 et 1940. L’indispensable travail de curetage de ses 280 blocs sera l’occasion de remettre à leur place d’origine certains d’entre eux. Pour cette dernière reconstruction, il faut d’abord consolider le bastion sur lequel est construit le temple : le soubassement du ciment sur lequel avait été reconstruit le monument du 5e siècle a été remplacé par une grille en métal inoxydable et indéformable sur laquelle ont été placées les dalles de soubassement. Depuis janvier de cette année le temple d’Athéna Nikè est entièrement remonté et surtout aucun échafaudage ne demeurent, comme on peut le voir sur cette photo.


La restauration de l’Erechthéion, dirigée par l’architecte A. Papanikolaou, avec le concours de K. Zambas, est complète à ce jour. Les caryatides (photo à droite) ont été remplacées par des copies en ciment armé capables de supporter le poids de la toiture. Les originales sont visibles au Nouveau musée et une d’entre elles se trouve au British museum.

Après de nombreuses difficultés, c’est en 2000 avec la création du service de restauration des monuments de l’Acropole (YSMA, sous la direction de Maria Ioannidou, le lien est accessible en cliquant sur le titre de cet article) que sont finalement relancés et activés les chantiers. Avec un plan de restauration adopté par Bruxelles sur la période 2007-2020, la Grèce est dotée à nouveau de moyens de poursuivre son programme de restauration.

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire