mardi 26 avril 2011

Venise, la Sérénissime


Aucune ville au monde ne mérite peut-être autant que Venise le qualificatif d’unique. Sa magie et la gloire d’un passé présent à chaque coin de rue attirent chaque année plus de 12 millions de visiteurs. Un cortège d’écrivains, de peintres, de cinéastes l’ont célébrée. Les uns parlent de « fascination mélancolique », les autres de « torpeur amoureuse » ou « d’excitation diluée ». Qu’importe ses secrets, recettes, sortilèges, la Sérénissime vous fera céder, vous aussi.

Fondée au cœur d’un marécage par des réfugiés fuyant les envahisseurs Goths, elle devint une république marchande qui, sous la direction de ses doges, étendit son pouvoir dans toute la Méditerranée. Pendant des siècles, les richesses produites par son commerce financèrent la création de splendides édifices et œuvres d’art, monuments à la grandeur de la cité et de ses habitants. La somptuosité de Saint-Marc suffit seule à témoigner de la prospérité de l’Etat vénitien entre les XIIème et XIVème siècles. Elle a peu changé depuis son entrée dans le royaume d’Italie en 1866 et les seuls engins à moteur à la parcourir sont les barges qui l’approvisionnent et les embarcations transportant des passagers sur les canaux sinuant entre ses palais aujourd’hui transformés en musées, boutiques et hôtels, et ses couvents devenus centres de restauration d’art. 

Venise est divisée en 6 arrondissements administratifs ou sestieri : Cannaregio, Castello, San Marco, Dorsoduro, San Polo et Santa Croce. Par sa faible étendue, la ville se prête à la marche à pied, et des vaporetti (sorte de bateau-bus) desservent toutes les îles.

Cannaregio : 
Vue d'ensemble de Cannaregio
C’est le quartier au nord, la porte d’entrée pour qui arrive sur la terre ferme. Il est authentique, populaire et animé pendant la journée. Un tiers des vénitiens y vivent. C’est un bonheur que de se promener dans ce quartier peu foulé par les touristes. C’est ici que fut établi le premier ghetto, le 29 mars 1516, ce qui explique la présence de nombreuses synagogues.
La Ca' d'Oro.
A voir, la Ca’ d’Oro, vaste palais gothique affaissé, dont l’entrée marine est constamment baignée par les eaux du Grand Canal. Il tient son nom des ors qui agrémentaient son élégante façade. A part l’époustouflante salle du rez-de-chaussée, l’intérieur est moderne, mais si vous aimez les peintures, tableaux et bronzes religieux des XVème et XVIème siècles, la Ca’ d’Oro vous apparaîtra comme l’un des plus intéressants musées de la ville.


Castello :
C’est le plus grand des 6 quartiers, étiré vers l’est et développé jusqu’aux environs immédiat de San Marco à l’ouest. Autour de l’Arsenal, tout le quartier est propice à de calmes promenades. Castello héberge quelques édifices religieux remarquables, ainsi que deux grandes Scuole.
Arsenal de Venise.
Elément de première importance dans l’histoire de la Sérénissime, l’Arsenal de Venise, aujourd’hui propriété de la marine militaire, fut le centre stratégique de sa puissance, le lieu de construction de navires qui n’eurent pas d’égaux pendant des siècles, et ce dès 1104.
Giardini Pubblici.
On y trouve également les Giardini Pubblici (jardins publics) avec les pavillons de la Biennale qui accueillent tous les 2 ans depuis 1895, les œuvres des artistes italiens et étrangers.  Dès 1910 la biennale s’est ouverte à l’art moderne, Cézanne y exposa en 1920, et Degas en 1924. C’est une manifestation artistique unique qui réunit tous les grands noms de la peinture mondiale. Une grande partie du jardin est occupée par les pavillons des pays exposants. Ils résument à eux seuls un siècle d’architecture. Les espaces verts quant à eux ont été créés en 1810 à la demande de Napoléon Ier.


San Marco : 
Le sestiere de San Marco, situé dans la partie sud-est de la ville, a toujours été le noyau de la ville dès ses origines. La place Saint-Marc en est le cœur, avec le palais ducal, la basilique, la bibliothèque Marciana, le musée Correr (qui retrace les grandes heures de l’histoire de Venise). 
Basilique San Marco
La Basilique San Marco, trapue et toute ruisselante de ses quelque 4000m² de mosaïques, date du XIème siècle. Parmi les objets d’art innombrables que contient ce croisement de culture occidentale et orientale, ne ratez pas la Pala d’Oro, un retable d’or incrusté de 80 émaux et de 3000 pierres précieuses.
Palais des doges
Le palais ducal est une pure merveille d’architecture gothique (1340-1424), où se cachent des salles toutes plus belles les unes que les autres décorées tantôt par le Tintoret, tantôt par Véronèse qui signa pour la salle du Grand Conseil la plus grande toile du monde, le Paradis (22m sur 7m).
Ce quartier, le plus fréquenté de Venise, possède d’autres merveilles, d’autres secrets, des monuments signés de plus grands artistes, des églises aux nombreux trésors, des théâtres dont celui de la Fenice, des palais touchant à l’histoire des plus grandes familles. De plus s’y concentrent les cafés, les restaurants, les hôtels et les magasins les plus luxueux de la ville.


Dorsoduro : 
Eglise de la Salute et douane de mer.
Le sestiere du Dorsoduro doit son nom de « dos dur » car c’est le seul qui a été construit sur la terre ferme et rocheuse et non sur un marécage sablonneux. Il a pour cœur le campo Santa Margherita, place animée le matin par un marché et le soir par les étudiants. Les rues qui l’entourent renferment quelques merveilles architecturales comme la Ca’ Rezzonico (palais baroque qui abrite un musée consacré à la Venise du XVIIIe siècle), et la Scuola Grande dei Carmini ornée de peintures de Tiepolo. Le quartier possède également de beaux canaux. Les amateurs d’art ne sauraient manquer l’Accademia (panorama unique de 5 siècles d’art vénitien) et la Fondation Guggenheim qui possède la plus impressionnante collection d’art moderne d’Europe. 

San Polo : 
Vue du pont du Rialto.
Avec ses 34 hectares, c’est le sestiere le plus petit de Venise et comprend la zone du Rialto, la plus ancienne de la ville de Venise. Les premiers habitants de Venise choisirent justement ce groupe de petites îles appelées Rivus Altus ou Rialto au IXème siècle pour s’y établir car le sol était plus élevé et constituait donc une protection contre les éventuelles inondations. Après 810, il devint la résidence officielle du doge et à partir du XIème siècle commença à se développer une intense activité de marché qui fit du quartier le cœur commercial de Venise.
Pont du Rialto.
Sans le pont du Rialto, Venise ne serait pas tout à fait la cité des Doges ! Jusqu’en 1854, il était le seul moyen de traverser le Grand Canal à pied. Construit à partir du XIIème siècle, puis reconstruit, l’actuel pont date du XVIème siècle et a été conçu par Antonio da Ponte, sur plus de 12 000 pilotis. Une structure ingénieuse pour l’époque : l’arche de 7,5 m de haut permettait aux galères de passer. Comme à Florence sur le ponte Vecchio, des orfèvres s’y sont établis. Plusieurs boutiques sur le pont et alentour perpétuent cette tradition. 


Santa Croce : 
Ce quartier se caractérise par la présence bien distincte de deux parties : la partie orientale est formée par une série de ruelles et de places qui offrent des promenades agréables dans cette partie la plus humble de la ville, et où l’on peut admirer quelques uns parmi les palais les plus intéressants du Grand Canal ; la partie occidentale, certes moins attrayante, accueille plusieurs établissements industriels ainsi que le grand parking automobile du Piazzale Roma. 
Eglise San Simeon Piccolo.
Sur les berges du Grand Canal, face à la vaste station ferroviaire Santa Lucia, se trouve l'église San Simeon Piccolo. Elle frappe le regard par la puissance de sa coupole verte, qui domine tout le quartier. C'est l'œuvre de Scalfaretto (1718-1738) rappelant le panthéon de Rome. On ne peut y entrer, elle est désaffectée.


Venise est une séductrice invétérée, enveloppante. C'est ainsi depuis le Moyen-Age, et elle n'a pas l'intention de changer d'un iota le pouvoir qu'elle exerce. Ses milliers de visiteurs en reviennent ébahis, toujours. En vous laissant aller au gré de ses ruelles tortueuses, la Sérénissime saura se montrer bien plus qu'une ville-musée, sera mieux qu'une simple devanture alléchante. Elle vous surprendra en vous dévoilant son autre visage, celui d'une ville-village aux quartiers secrets, poétiques, habités, tous empreints d'un charme fou. Venise est ensorcelante. Vous la quitterez avec une seule idée en tête : la revoir le plus tôt possible !


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